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Les principaux risques de marché pour les actions américaines

Les gérants Jeremiah Buckley, Brian Demain et Jonathan Coleman estiment que l'incertitude concernant les créations d'emploi, la consommation des ménages et les investissements dans l'intelligence artificielle (IA) méritent une attention particulière.

Jeremiah Buckley, CFA

Jeremiah Buckley, CFA

Gestionnaire de portefeuille


Brian Demain, CFA

Brian Demain, CFA

Gestionnaire de portefeuille


Jonathan Coleman, CFA

Jonathan Coleman, CFA

Gestionnaire de portefeuille


2 octobre 2024
5 minutes de lecture

Principaux points à retenir :​

  • L'édition 2024 de notre enquête auprès des investisseurs révèle une diminution de l'appétence au risque dans les rangs des investisseurs. En effet, une bonne partie d'entre eux font part de leur inquiétude face à des enjeux tels que l'élection présidentielle américaine, les événements géopolitiques et la persistance de l'inflation, qui marqueront la fin de l'année 2024 et le début de l'année 2025.
  • Nos gérants, même s'ils trouvent leur inquiétude légitime, se concentrent sur des thèmes économiques plus généraux tels que la faiblesse des créations d'emplois et de la consommation des ménages, qui pourraient freiner l'activité économique, ainsi que sur la rentabilité incertaine des investissement dans l'IA. Ils y voient des risques de marché potentiels.
  • S'il est important d'avoir conscience de tous les risques qui se profilent à l'horizon, le fait de rester investi dans des entreprises de qualité et de maintenir une bonne diversification des portefeuilles peut aider les investisseurs à atténuer l'exposition à ces risques.

L'édition 2024 de l'enquête de Janus Henderson auprès des investisseurs met en évidence une diminution de appétence au risque des investisseurs américains aisés et fortunés par rapport à 2023. Interrogés sur leurs principales préoccupations pour la fin 2024 et le début 2025, plus de 70 % des répondants ont cité l'élection présidentielle américaine, les événements géopolitiques et la persistance de l'inflation.

À la lumière de ces résultats, nous avons demandé à trois de nos gérants de portefeuilles d'actions américaines quels seront, à leurs yeux, les principaux risques de marché dans les mois à venir. Si les éléments cités par les investisseurs interrogés ne figurent pas parmi les principaux sujets de préoccupation de nos gérants, cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas importants dans l'évaluation de l'environnement de marché actuel.

La situation sur le front de l'inflation s'est considérablement améliorée en 2024 mais la hausse des prix a encore un impact sur la consommation des ménages. Les risques géopolitiques – à savoir la guerre entre la Russie et l'Ukraine, les tensions entre la Chine et Taïwan et les conflits au Moyen-Orient – constituent une toile de fond constante. Ces événements menacent de perturber les chaînes d'approvisionnement, d'accentuer la pression inflationniste et de saper la confiance des investisseurs. Toutefois, il est difficile de prévoir la probabilité de tels événements. Nous préconisons plutôt de privilégier les entreprises de qualité et de diversifier son portefeuille pour atténuer l'impact potentiel.

L'élection présidentielle américaine pourrait également entraîner de la volatilité à court terme. Néanmoins, nous pensons que les facteurs économiques plus généraux et les fondamentaux des entreprises auront, en définitive, une influence prépondérante sur l'appartenance au camp des gagnants ou des perdants.

Nos gérants restent largement optimistes quant aux perspectives économiques et bénéficiaires, ce qui ne les empêche pas de donner leur point de vue sur les risques qu'ils suivront de près dans les mois à venir.

Jeremiah Buckley

Chargé du suivi des valeurs de croissance américaines de grande capitalisation
Risque notable : Peu de secteurs contribuent aux créations d'emploi

L'économie américaine reste un important vivier d'opportunités d'investissement mais le ralentissement de la demande de main d'œuvre est un risque économique majeur qui mérite une attention particulière. Ces derniers temps, les emplois créés le sont principalement dans les secteurs de l'hôtellerie et de la restauration, de la santé, de l'administration publique et de la construction, tandis que d'autres secteurs créent très peu d'emplois, voire en détruisent (graphique 1).

Ce périmètre limité des créations d'emplois est préoccupant car les secteurs de l'hôtellerie et de la santé ne sont plus très loin du plein emploi après avoir tourné la page de la pandémie. Les indicateurs avancés relatifs au secteur de la construction montrent également des signes de faiblesse, qui pourraient bientôt se répercuter sur l'emploi. L'absence de contribution de l'ensemble des secteurs pourrait freiner la croissance globale de l'emploi.

En outre, l'impact de l'IA sur les embauches dans les secteurs d'activité fondés sur les connaissances accentue l'incertitude. Le rôle de l'IA dans la main-d'œuvre de demain fait que les entreprises hésitent à embaucher à certains postes, ce qui risque d'aggraver le déséquilibre du marché de l'emploi. L'ensemble de ces facteurs suggère que la croissance de l'emploi pourrait devenir un problème pressant, qui risque d'aboutir à une diminution de la consommation des ménages et à un tassement de la croissance économique.

Une bonne nouvelle tout de même : les résultats du deuxième trimestre ont mis en évidence une nette augmentation des marges bénéficiaires. Les marges d'exploitation positives des entreprises et le levier d'exploitation sont généralement des indicateurs avancés d'une expansion du marché de l'emploi. En outre, il est possible que des créations d'emplois et des augmentations de salaires modérées continuent à soutenir la consommation.

Graphique 1 : Emploi salarié non agricole – Part du total des emplois créés lors des 12 derniers mois

75 % des emplois créés depuis un an l'ont été dans les secteurs de l'éducation et de la santé, de l'administration publique et de l'hôtellerie.

Source : Bloomberg, emploi salarié non agricole, au 31 août 2024.

Brian Demain

Chargé du suivi des valeurs de croissance américaines de moyenne capitalisation
Risque notable: rentabilité incertaine des investissement dans l'IA

La question du retour sur investissement des dépenses consacrées à l'IA donne lieu aujourd'hui à d'âpres débats dans les rangs des participants au marché. Si l'IA présente un immense potentiel en tant qu'outil de productivité mais encore faut-il que les sommes considérables investies dans l'infrastructure de l'IA par les géants technologiques (graphique 2) soient rentabilisées. Cet investissement massif suscite un engouement pour les entreprises qui fournissent du matériel et des logiciels liés à l'IA, qu'il s'agisse de géants de l'industrie comme NVIDIA ou de nombreuses sociétés de moyenne capitalisation.

Au cours des prochaines années, l'orientation du marché pourrait dépendre de l'évolution de la perception et de la réalité du retour sur investissement de l'IA. S'il s'avère que l'IA est un précieux levier d'amélioration de la productivité et apporte des gains importants à ceux qui l'ont adoptée, l'essor des dépenses en IA se poursuivra probablement. Il se peut même que les dépenses actuelles se révèlent trop faibles. En revanche, des gains insuffisants pourraient ralentir considérablement le rythme des investissements.

Compte tenu de cette incertitude, nous suivons attentivement le succès commercial de diverses applications d'IA, depuis le Copilot de Microsoft aux start-ups émergentes, afin de mieux comprendre le retour sur investissement potentiel de l'IA. En outre, nous nous concentrons sur les entreprises avec de solides fondamentaux et des offres qui sortent du lot afin d'atténuer les risques associés à un éventuel ralentissement des investissements dans l'IA.

Graphique 2 : Dépenses d'investissement globales

L'économie mondiale connaît un afflux sans précédent de capitaux vers le domaine de l'IA, principalement sous l'impulsion des géants du cloud.

Source : Bloomberg, données trimestrielles, au 23 septembre 2024.

Jonathan Coleman

Chargé du suivi des valeurs de croissance américaines de petite capitalisation
Risque notable : Tendances en matière de consommation des ménages

L'hypothèse d'une poursuite du ralentissement de la consommation des ménages est l'un des principaux risques pour l'économie aujourd'hui et les investisseurs doivent y être attentifs. Même s'il n'y a pas d'éléments probants laissant penser que cette tendance concerne désormais aussi les ménages à revenus moyens ou élevés, les indicateurs suggèrent que la situation financière des ménages se dégrade. Par exemple, les taux d'impayés sur les cartes de crédit et les prêts auto s'approchent des sommets cycliques (graphique 3) et le taux d'épargne extraordinaire résultant des mesures de relance face à la pandémie de Covid-19 a fondu.

En outre, la hausse des taux d'intérêt, en particulier pour les prêts hypothécaires, risque de peser sur le moral et les dépenses des consommateurs. Même si les taux d'intérêt se stabilisent ou diminuent avec le cycle de baisse des taux de la Réserve fédérale, l'impact cumulé sur le budget des ménages pourrait persister.

Pour atténuer ce risque, nous faisons preuve de prudence à l'égard des actions du secteur de la consommation discrétionnaire. De nombreuses entreprises dans ce secteur présentent une valorisation raisonnable mais nous évaluons soigneusement si le potentiel de hausse est suffisant pour compenser l'incertitude qui entoure les tendances en matière de consommation.

Graphique 3 : Passage en défaut de paiement selon le type de prêt

Le pourcentage des encours de cartes de crédit et de prêts automobiles en défaut de paiement est au plus haut depuis la crise financière mondiale.

Source : Réserve fédérale de New York. Pourcentage de l'encours en souffrance depuis au moins 30 jours ; données trimestrielles du T1 2003 au T2 2024, au 31 août 2024.

 

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