Imprévisibilité prévisible : les droits de douane imposés par Donald Trump ouvrent-ils la voie à des solutions alternatives ?
David Elms, responsable des solutions alternatives diversifiées, explore la nouvelle ère des droits de douane utilisés comme arme de guerre commerciale, en examinant les avantages stratégiques potentiels de l’investissement multi-stratégies en ces temps incertains.

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Principaux points à retenir :
- Un changement radical de stratégie de la nouvelle administration américaine, notamment l’imposition de droits de douane aux alliés et aux rivaux, risque d’aggraver les tensions commerciales mondiales, ce qui pourrait avoir un impact sur la stabilité économique et la confiance des marchés.
- Le paysage actuel des marchés financiers, marqué par des actifs aux valorisations élevées, une domination des valeurs technologiques et un endettement record à l’échelle mondiale remettent en question les stratégies d’investissement traditionnelles, ce qui suggère une évolution vers des stratégies dont les moteurs de performance sont plus diversifiés et différenciés.
- Les investissements multi-stratégies offrent une approche diversifiée de la gestion des risques, visant à atténuer l’impact de la volatilité des marchés et des incertitudes économiques en répartissant les investissements entre différentes stratégies et classe d'actifs.
Si le résultat de l’élection américaine a sans aucun doute été un moment clé pour les marchés financiers, peu de participants avaient anticipé l’ampleur du changement de politique intérieure ou le degré d’incertitude dû au positionnement étonnamment belliqueux du nouveau gouvernement dans le domaine commercial. Lors de son premier mandat présidentiel, Donald Trump s’est montré prêt à affronter à la fois la Chine et les alliés traditionnels des États-Unis, en imposant des droits de douane et des quotas sur les importations.
À cette époque, M. Trump avait utilisé les tarifs douaniers comme outil de négociation. La déclaration conjointe des États-Unis et du Mexique en 2019, par exemple, visait à faire pression sur le Mexique pour que ce pays renforce l’application de la loi contre la migration « irrégulière » vers les États-Unis. Citons également la renégociation d’un nouvel accord entre les États-Unis, le Mexique et le Canada (AEUMC) en 2020, remplaçant l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) alors en vigueur.
Cette fois-ci, la crainte est que Donald Trump soit prêt à aller plus loin en réponse aux mesures tarifaires réciproques de l’UE, de la Chine ou d’alliés traditionnellement proches, comme le Canada ou le Royaume-Uni. Le risque pour les marchés est que cette escalade puisse freiner le commerce mondial, se traduire par une hausse des prix, saper la confiance et la demande des consommateurs et affecter les embauches, les dépenses et les plans d’investissement des entreprises. Les banques centrales mettent en garde contre l’intensification des incertitudes liées aux politiques commerciales mondiales, ce qui soulève des questions quant à l’orientation et à l’ampleur de toute modification des taux d’intérêt.
M. Trump était déjà considéré comme un potentiel « disrupteur » au cours de son second mandat. Mais cet environnement n’est pas normal pour les marchés financiers. Les cours des actifs sont sensiblement supérieurs à leurs moyennes historiques, la concentration du marché n’a jamais été aussi élevée compte tenu de la vigueur et de la domination des actions technologiques du groupe MAG7, la dette mondiale atteint un niveau record (318 000 milliards de dollars américains à fin 2024[1]), et nous assistons à ce qui pourrait se transformer en une tendance soutenue de relocalisation et de rapatriement.
L’argument ici est que les stratégies qui ont fonctionné jusqu’à présent durant ce siècle, telles que « l'achat sur repli », ou la corrélation inverse qui a fait de la détention d’actions et d’obligations un bon facteur de diversification, pourraient ne pas se comporter de la même manière à l'avenir. Selon nous, il s’agit là d’un signal clair envoyé aux investisseurs pour qu’ils s’intéressent de manière plus générale aux stratégies conçues pour fonctionner dans des environnements incertains, à l'image des investissements multi-stratégies.
Éviter les points faibles
Le concept de l’investissement multi-stratégies est de pouvoir sélectionner un large éventail de stratégies d’investissement et répartir le risque entre elles de manière à ne pas être excessivement exposé à un seul facteur de risque, au cas où celui-ci se transformerait en un point faible. La clé du succès de l’investissement multi-stratégies réside dans l’identification et la gestion des complexités du monde moderne et dans la manière dont les stratégies sous-jacentes s'assemblent entre elles.
Lorsque nous examinons les conditions de marché actuelles, les tensions commerciales et géopolitiques sont indubitablement complexes :
- Guerres commerciales et inflation : il est très difficile de prévoir l’issue finale des tensions commerciales actuelles. Même si les marchés peuvent ignorer les discours sur le commerce pendant un certain temps, ou si certaines attentes peuvent être intégrées dans les cours, dès qu’une politique est appliquée, son impact réel sur l’économie et les cours des titres est susceptible d’être significatif. Nous pensons que les droits de douane sont inflationnistes – ils vont augmenter les prix des marchandises importées et si le marché n’intègre pas pleinement cette inflation maintenant, il devra l’intégrer dans le futur. Ceci a des implications à la fois sur les investissements obligataires, où une inflation plus élevée conduit généralement à une baisse des cours des obligations, et sur les marchés d’actions, où le bruit et la volatilité représentent à la fois des risques et des opportunités
- Concentration des marchés actions : la concentration du marché reste un risque majeur, en particulier avec la domination des valeurs technologiques du groupe MAG7. Malgré la récente correction de marché, le segment des actions mondiales continue de surpondérer de manière excessive les méga-capitalisations technologiques américaines, ce qui signifie que le marché est exposé à un risque du fait de la nature de cette concentration.
- Volatilité : l’incertitude entourant les politiques des gouvernements et des banques centrales, ainsi que les facteurs géopolitiques tels que le conflit en Ukraine, devraient se traduire par une hausse de la volatilité.
Des moteurs de performance différenciés
Dans la perspective de la gestion multi-stratégies, la réponse à ces facteurs est que les inefficiences du marché créent des opportunités d’investissement pour des stratégies qui ne dépendent pas des mêmes facteurs pour générer de la performance.
À titre d'exemple, une stratégie neutre au marché actions peut être positionnée de manière à tirer parti de la concentration du marché ou de la dispersion accrue des performances des actions, si l’on limite l’exposition factorielle et l’on se concentre davantage sur la sélection de valeurs. Les préoccupations concernant les flux de capitaux, lorsque des transactions en « bloc » importantes nécessitent une décote pour encourager la participation, constituent une inefficience intrinsèque du marché qui peut imposer une stratégie de pression sur les prix. Nous pensons également que les stratégies de suivi de tendance ou de couverture à base d'options devraient prospérer dans des environnements très volatils.
Nous avons également observé des changements assez fondamentaux sur le marché de l’arbitrage d’obligations convertibles. Les hedge funds ont remplacé les investisseurs long-only (les participations des hedge funds sur le marché des obligations convertibles sont à leur plus haut niveau depuis la crise financière mondiale), ce qui entraîne une plus grande discipline en matière de prix et de meilleures opportunités axées sur les valorisations, dans un marché où les pressions sur les refinancements augmentent (Illustration 1).
Illustration 1 : la dynamique de marché est favorable à une hausse des émissions d’obligations convertibles
Source : BofA Merrill Lynch Global Research, ICE Data Indices, LLC, Bloomberg, analyse réalisée par Janus Henderson Investors, au 31 décembre 2024 et au 30 juin 2023. Les performances passées ne préjugent pas des résultats futurs. Il n’y a aucune garantie que les tendances passées se maintiendront ou que les prévisions se réaliseront.
Les stratégies à envisager à l’avenir
Nous entrevoyons deux scénarios possibles au cours de l’année à venir. Premièrement, un environnement marqué par une forte volatilité provoquée par un ralentissement potentiel de l’économie ou des chocs géopolitiques. Dans ce scénario, une stratégie axée sur la protection pourrait contribuer à stabiliser les performances en agissant comme un filet de sécurité par rapport au risque pris par ailleurs. Deuxièmement, un environnement plus « normal » caractérisé par le maintien des cours des actifs dans leurs fourchettes historiques. Dans ce scénario, une stratégie de transfert de risque aurait plus de chances de bien se comporter. En diversifiant ces stratégies, de la même manière que les investisseurs diversifient les stratégies de prise de risque dans leurs portefeuilles, un produit multi-stratégies peut potentiellement aider les investisseurs à mieux faire face à diverses conditions de marché défavorables.
[1] Global debt marches to record high, raising risk of bond vigilantes, Reuters, 25 février 2025.
Flux de capitaux : mouvements d’argent à des fins d’investissement, de commerce ou d’activité économique entre les pays.
Risque factoriel/exposition factorielle : une caractéristique, une variable ou une exposition sous-jacente qui peut être utilisée pour expliquer les performances (ou les moteurs de performance) d’un actif ou d’une classe d’actifs.
Couverture : stratégie de négociation qui consiste à prendre une position compensatoire par rapport à un autre investissement qui perdra de la valeur lorsque l'investissement principal en gagnera, et vice versa. Ces positions sont utilisées pour réduire ou gérer divers facteurs de risque et limiter la probabilité de perte globale d'un portefeuille. Différentes techniques peuvent être utilisées, y compris des produits dérivés.
MAG7 : le terme « Magnificent Seven » fait référence aux sept grandes valeurs technologiques – Apple, Microsoft, Nvidia, Amazon, Tesla, Alphabet et Meta – qui ont dominé les marchés ces dernières années.
Correction de marché : lorsqu’un marché boursier ou un indice chute de plus de 10 % par rapport à son sommet le plus récent en réponse à la vente massive de leurs positions par les investisseurs.
Relocalisation : processus consistant à rapatrier les activités d’une entreprise dans son pays d'origine ou à les relocaliser à l’intérieur des frontières nationales (ou régionales, dans le cas de l’UE). Bien qu’il puisse être plus coûteux de gérer des opérations locales, en raison de salaires plus élevés ou du coût de la réglementation, la relocalisation permet un meilleur contrôle de l'activité et contribue à réduire l’impact de l’incertitude géopolitique ou des fluctuations de change.
Option : contrat entre deux parties qui donne à l’une d’elles le droit d’acheter ou de vendre un actif déterminé, comme des actions, des obligations ou des devises, à une date et à un prix fixés lors de la souscription de l’option. Le trading d’options peut être de nature spéculative et comporte un risque de perte important. Une option est une forme de produit dérivé.
Volatilité : le taux et l’ampleur selon lesquels le cours d’un portefeuille, d’un titre ou d’un indice évolue à la hausse ou à la baisse. Si le prix fluctue fortement à la hausse et à la baisse, il présente une volatilité élevée. Si le prix évolue plus lentement et dans une moindre mesure, sa volatilité est plus faible. Plus la volatilité est élevée, plus le risque de l'investissement est important.
Les opinions exprimées sont celles de l'auteur au moment de la publication et peuvent différer de celles d'autres personnes/équipes de Janus Henderson Investors. Les références faites à des titres individuels ne constituent pas une recommandation d'achat, de vente ou de détention d'un titre, d'une stratégie d'investissement ou d'un secteur de marché, et ne doivent pas être considérées comme rentables. Janus Henderson Investors, son conseiller affilié ou ses employés peuvent avoir une position dans les titres mentionnés.
Les performances passées ne préjugent pas des résultats futurs. Toutes les données de performance tiennent compte du revenu, des gains et des pertes en capital mais n'incluent pas les frais récurrents ou les autres dépenses du fonds.
Les informations contenues dans cet article ne constituent pas une recommandation d'investissement.
Il n'y a aucune garantie que les tendances passées se poursuivront ou que les prévisions se réaliseront.
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- Les SPAC sont des sociétés fictives créées pour acquérir des entreprises. Elles sont complexes et manquent souvent de la transparence des entreprises bien établies, et présentent donc des risques plus importants pour les investisseurs.