Global Perspectives : investir dans les petites et moyennes entreprises du secteur de la santé qui innovent pour faire face à un monde vieillissant
Dans le cadre d’une discussion faisant suite à un article récent, nos Gérants Andy Acker, Jonathan Coleman et Brian Demain analysent comment le vieillissement de la population contribue à stimuler l’innovation dans le secteur de la santé et à créer des opportunités de croissance pour les investisseurs.
27 minute d'écoute
Principaux points à retenir :
- Alors que le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus devrait doubler d’ici 2050, la demande de soins médicaux augmente rapidement, créant un important moteur de croissance non cyclique dans le secteur de la santé.
- Ses entreprises de petite et moyenne capitalisation, qui sont à l'origine de l'innovation dans les traitements avancés pour les maladies liées à l'âge, pourraient offrir l'un des meilleurs potentiels de croissance.
- L'innovation comporte également un risque de baisse, ce qui rend essentielle une approche sélective, qui prend en compte le potentiel scientifique et commercial des nouvelles thérapies et gère la taille des positions au sein d'un portefeuille diversifié.
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Lara Castleton: Hello, and thank you for joining this episode of Global Perspectives, a podcast created to share insights from our investment professionals and the implications they have for investors. I’m your host for the day, Lara Castleton.
Les prévisions de marché à court terme restant incertaines, nous pensons qu'il est utile pour les investisseurs de prendre du recul et de réfléchir au-delà du bruit de marché. Pour Ali Dibadj, CEO de notre groupe, les trois grands facteurs macroéconomiques à long terme qui, selon lui, façonneront le paysage de l'investissement durant la prochaine décennie sont la réorganisation géopolitique, les facteurs démographiques et l'augmentation du coût du capital. Aujourd'hui, nous allons nous pencher sur ce deuxième facteur et nous concentrer sur le vieillissement de la population.
Dans notre secteur, il est difficile de faire des prévisions, mais ce qui est certain, c'est que nous vieillissons tous. Si l'on réfléchit à cette mégatendance en tant qu'investisseurs, la santé et, en particulier, les entreprises de petite et moyenne capitalisation qui sont à l'origine de l'innovation dans ce secteur peuvent offrir des opportunités intéressantes.
Pour approfondir cette question, je suis ravie d'être entourée d'Andy Acker, Brian Demain et Jonathan Coleman, des Gérants de portefeuille qui travaillent tous les trois pour Janus Henderson depuis les années 1990. Messieurs, je vous remercie de votre présence.
Andy Acker : Merci.
Jonathan Coleman : Merci.
Brian Demain : Merci de nous avoir invités.
Mme Castleton : Il est possible que vous soyez tous les trois entrés dans cette entreprise avant même que certains de nos auditeurs ne soient venus au monde. Je m'excuse de vous donner un coup de vieux, mais, compte tenu du sujet de cet épisode, il m'a semblé que c'était approprié. Pardonnez-moi !
Andy, j'aimerais d'abord m'adresser à vous, en tant que Gérant de portefeuille au sein de l'équipe spécialisée dans la santé et les biotechnologies. Vous expliquez depuis longtemps que le secteur de la santé peut être l'un des meilleurs moyens de tirer parti du vieillissement démographique. Pourriez-vous nous présenter le contexte ? Et nous expliquer pourquoi ?
M. Acker : Avant toute chose, revenons à la question du vieillissement de la population. D'ici à 2050, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait doubler au sein de la population mondiale, pour atteindre plus de 2 milliards. Et toujours d'ici 2050, une personne sur six aura plus de 65 ans.
Pourquoi est-ce important ? Parce que les personnes âgées sont sujettes à des maladies chroniques. Et avec l'âge, ces maladies sont de plus en plus nombreuses. En fait, les personnes âgées dépensent trois fois plus en soins de santé et quatre fois plus en médicaments que le reste de la population. Nous avons donc toujours considéré qu'il s'agissait là d'un facteur inexorable d'augmentation. Et c'est souvent dans ce domaine du vieillissement de la population que se concentre une grande partie de l'innovation du secteur. Comment répondre à ces besoins médicaux non satisfaits pour que nous puissions tous vivre beaucoup plus vieux, plus longtemps et en meilleure santé ?
Mme Castleton : Quels sont les secteurs à privilégier dans ce cas ? — Lorsque l'on parle de la santé, il est évident que cela recouvre de multiples secteurs.— En existe-t-il qui sont spécifiquement axés sur le vieillissement de la population ?
M. Acker : Bien sûr, absolument. On peut penser, par exemple, aux entreprises de biotechnologie. Elles sont à l'origine d'une grande partie de l'innovation dans le secteur. Et une grande partie de cette innovation provient de sociétés biotechnologiques de petite et moyenne capitalisation. En réalité, 65 % du pipeline actuel est développé par des sociétés de biotechnologie de petite et moyenne capitalisation qui ne sont pas bien représentées dans les indices de marché. C'est donc un premier domaine.
Bien sûr, il y a aussi les dispositifs médicaux, et on met au point de nouvelles technologies qui aident à faire face aux maladies dues au vieillissement, qu'il s'agisse d'orthopédie ou de chirurgie robotique. Toutes ces procédures continuent à s'améliorer. Et puis, bien sûr, on trouve aussi les entreprises qui proposent des outils, des outils des sciences de la vie, qui aident à développer beaucoup de ces nouvelles technologies, l'équivalent des pioches et des pelles pour les mineurs. Nous découvrons donc d'excellentes opportunités dans tous ces domaines.
Mme Castleton : Parfait, merci. Jonathan, vous êtes Gérant de portefeuille au sein de notre équipe Petites et moyennes capitalisations. Pourquoi les investisseurs ont-ils tout intérêt à se tourner vers les petites capitalisations pour profiter de cette tendance ?
M. Coleman : Andy a selon moi mis le doigt sur certains des thèmes qui sont particulièrement importants parmi les petites capitalisations. Je dirais que l'innovation est en quelque sorte sous stéroïdes dans cet univers. Et on le voit particulièrement dans les secteurs de la biotechnologie et de l'équipement médical.
L'une des grandes qualités de l'économie américaine est son sens de l'innovation. Et il est très concentré dans le secteur de la santé, dans les domaines de la biotechnologie et des dispositifs médicaux. Nous considérons donc qu'il y a beaucoup d'opportunités dans des entreprises très innovantes et en phase de démarrage. Et ensuite, les récompenses pour avoir vu juste quand vous investissez à un stade très précoce sont tout simplement extraordinaires. Il est donc très intéressant d'investir tôt dans les petites capitalisations.
Mme Castleton : Brian, vous êtes également Gérant de portefeuille au sein de l'équipe Petites et moyennes capitalisations, mais avec un accent plus prononcé sur l'univers des moyennes capitalisations. Même question que pour Jonathan. Pourquoi s'intéresser à l'univers des moyennes capitalisations ? Y a-t-il des nuances par rapport aux petites capitalisations ?
M. Demain : Pour ce qui est des moyennes capitalisations dans le secteur de la santé, comme pour les moyennes capitalisations dans d'autres secteurs, elles se situent entre les petites et les grandes sur le plan de certaines dynamiques. Si l'on considère les biotechs dans l'univers des moyennes capitalisations, il s'agit en général de sociétés qui ont déjà commercialisé peut-être un médicament, et qui sont prêtes à en lancer un deuxième. Vous avez donc un actif établi, qui génère des flux de trésorerie, mais vous avez en plus un moteur de croissance.
Dans des domaines tels que les appareils ou les outils des sciences de la vie, les entreprises s'attaquent à des marchés mieux établis. Elles disposent peut-être déjà d'un produit sur le marché. On peut donc toujours trouver cette croissance innovante, mais avec des flux de trésorerie et une activité existante qui servent de base à la valorisation de l'actif.
Mme Castleton : Parfait. Très bien. Nous avons donc un peu dressé le tableau. Andy, merci pour ces statistiques du début. Il est évident qu'à l'échelle mondiale, le vieillissement de la population est un thème majeur. Soyons un peu plus spécifiques dans chacun de vos univers pour ce qui est de la santé en particulier. Pourriez-vous chacun nous donner vos perspectives de croissance dans le secteur de la santé, pour les personnes âgées, à commencer par vous, Andy ?
M. Acker : Prenons l'exemple de la maladie d'Alzheimer. Il s'agit d'un énorme besoin médical non satisfait. Et si l'on pense au vieillissement de la population, par chaque tranche de cinq ans, le risque de développer une démence est multiplié par deux. C'est donc l'une des maladies les plus étroitement liées au vieillissement. On compte déjà 55 millions de personnes atteintes de démence dans le monde. Plus de la moitié d'entre elles sont atteintes de la maladie d'Alzheimer. Depuis plus de 20 ans, on essaie de mettre au point des thérapies modificatrices de la maladie, sans succès.
Cela a changé l'année dernière. En 2023, nous avons été les témoins de la toute première thérapie modificatrice de la maladie. Il s'agit d'un anticorps qui, concrètement, peut pénétrer dans le cerveau et éliminer la plaque qui serait la cause initiale de la maladie d'Alzheimer. Et pour la première fois, une amélioration des résultats a été observée. On constate un ralentissement de la progression de la maladie chez les patients.
La première thérapie a ainsi été autorisée l'année dernière. Nous nous attendons à ce qu'en 2024, la prochaine thérapie reçoive un agrément. Et nous n'en sommes qu'au début. Quand on commence à avoir des thérapies, alors on peut s'appuyer dessus, développer de nouvelles thérapies qui, on l'espère, accroîtront l'efficacité. Et nous tous, à mesure que nous vieillissons,espérons que ces thérapies verront le jour, parce que nous en avons vraiment besoin. Il s'agit de marchés gigantesques et si nous pouvons stopper, véritablement, et peut-être même prévenir la démence et la maladie d'Alzheimer, il s'agirait d'énormes opportunités qui auraient un potentiel considérable pour la société.
Mme Castleton : Oui, c'est sans conteste un point important dans notre réflexion sur la prise en charge des personnes âgées. Y a-t-il d'autres nouvelles thérapies qui vous intéressent ?
M. Acker : Oui. Il y a la maladie d'Alzheimer, et puis il y a le cancer. 40 % d'entre nous développeront un cancer à un moment ou à un autre de notre vie. Et là encore, le risque augmente rapidement avec l'âge. Mais aujourd'hui, il existe de toutes nouvelles technologies qui sont en train d'être développées contre le cancer, de toutes nouvelles modalités de traitement. On dispose ainsi de toutes sortes de thérapies, depuis les thérapies cellulaires jusqu'aux anticorps synthétisés.
Ainsi, par exemple, au lieu de simplement administrer une chimiothérapie, ce que nous faisons depuis environ 70 ans, qui peut tuer les cellules cancéreuses mais qui, malheureusement, tue également un grand nombre de cellules saines, nous avons maintenant des missiles guidés avec précision, des conjugués anticorps-médicaments. Nous pouvons attacher une molécule de chimiothérapie à un anticorps ciblé, et l'administrer directement au niveau des cellules cancéreuses. Cela se traduit par une plus grande efficacité, mais aussi par une plus grande sécurité et une meilleure tolérance. On assiste actuellement au lancement de certaines de ces thérapies qui connaissent un grand succès sur le marché pour des cancers comme le cancer de l'ovaire et le cancer du sein, et bientôt, je l'espère, pour le cancer du poumon également. Il s'agit donc d'avancées considérables.
S'agissant des thérapies cellulaires, il est possible de prélever les cellules immunitaires d'un patient, de les modifier génétiquement pour qu'elles identifient les cellules cancéreuses et de les réinjecter dans le patient. L'année dernière, on a constaté des bienfaits de l'ordre de 75 % en termes de réduction du risque de progression ou de décès par rapport aux meilleures thérapies actuelles dans des domaines tels que le myélome multiple.
Ce sont donc des domaines qui commencent tout juste à se développer. Et beaucoup de ces développements sont le fait d'entreprises de petite et moyenne capitalisation. Et certaines d'entre elles finissent par être acquises par de plus grandes entreprises à des primes généralement substantielles.
Mme Castleton : C'est une excellente transition pour Jonathan. Vous avez mentionné tout à l'heure qu'une grande partie de cette innovation commence parmi les micro et petites entreprises. Quelles sont donc les opportunités de croissance spécifiques que vous privilégiez ?
M. Coleman : Je dirais qu'un domaine dans lequel nous trouvons des opportunités intéressantes est celui des implants chirurgicaux. Andy parlait des conséquences néfastes de l'âge et du fait que notre corps commence à se dégrader. Beaucoup d'entreprises proposent des implants qui nous permettent de vivre plus longtemps et en meilleure santé.
M. Acker : J'ai d'ailleurs moi-même un de ces implants !
M. Coleman : L'un des domaines qui nous intéresse particulièrement est celui des solutions de chirurgie robotique qui concernent les implants rachidiens. Et ce qui est vraiment passionnant, c'est que si vous prenez n'importe quelle groupe de chirurgiens, vous allez avoir des chirurgiens exceptionnels, des rock stars, et vous allez avoir une large courbe en cloche, avec des chirurgiens moyens et puis, malheureusement, peut-être des chirurgiens en dessous de la moyenne. Mais ce que la chirurgie robotique permet de faire, c'est d'amener le chirurgien moyen au niveau de l'élite. Et c'est fantastique, tant du point de vue des bénéfices pour les patients que du point de vue de l'évolution du paysage de la santé.
Mme Castleton : Et ces entreprises appartiennent surtout à cet univers des petites capitalisations, pour l'instant.
M. Coleman : Il y a un certain nombre d'entreprises tout à fait remarquables dans l'univers des petites capitalisations qui adoptent ce type d'approches.
Mme Castleton : Génial.
M. Coleman : Oui. Tout à fait. Nous sommes donc très enthousiastes à ce sujet.
Mme Castleton : Enfin, Brian, en ce qui concerne les moyennes capitalisations, puisque nous avons abordé votre domaine, et les opportunités de croissance, en particulier dans les services aux personnes âgées, y a-t-il un domaine qui vous intéresse particulièrement ?
M. Demain : Oui. Cela vaut pour l'ensemble du secteur, mais je citerai quelques exemples. L'un d'eux est l'urologie. Un grand nombre de ces pathologies urologiques, comme les troubles de la prostate ou l'hyperactivité vésicale, sont plus fréquentes avec l'âge. Et de nombreuses innovations ont été mises en place autour des interventions chirurgicales pour gérer ces affections. Ce sont généralement des entreprises de taille moyenne qui s'y intéressent.
Une autre chose que je voudrais souligner, puisqu'Andy a parlé de missiles thérapeutiques guidés avec précision, c'est que la fabrication de ces médicaments qui sont effectivement des missiles guidés avec précision est beaucoup plus compliquée que la fabrication de comprimés qui ont été le moteur de l'industrie de la santé au cours des 20 ou 30 dernières années. Ainsi, un domaine que nous appelons bioprocessing, et qui consiste à vendre l'équipement nécessaire à la production de ces anticorps et thérapies géniques très complexes, est un domaine dans lequel nous avons également identifié des opportunités dans l'univers des moyennes capitalisations.
Mme Castleton : Merci. Toutes ces idées sont vraiment captivantes. Andy, si nous revenons à vous, peut-être du point de vue de la mise en œuvre, que pensez-vous des petites et moyennes capitalisations dans votre secteur ?
M. Acker : Bien sûr. De mon point de vue, la première chose à laquelle il faut penser, c'est que lorsque vous investissez dans des petites et moyennes capitalisations, la volatilité est plus importante que dans l'univers des grandes capitalisations. Et cela peut être bon ou mauvais. Mais c'est un univers qui se prête véritablement à la sélection de titres et à la gestion du risque.
Si vous pensez aux médicaments, par exemple, le cadre que nous utilisons s'appelle la règle des 90/90. Elle fait référence aux risques cliniques et commerciaux liés au développement d'une nouvelle thérapie.
Le premier volet représente donc le fait que 90 % des médicaments qui font l'objet d'essais cliniques chez l'homme ne parviendront jamais au stade de la commercialisation. Vous investissez donc en essayant de trouver le médicament sur dix qui y parviendra. En règle générale, nous n'investissons pas dans les premiers stades de développement, car le risque est souvent trop élevé. Mais lorsque l'entreprise devient moins risquée et atteint un stade de développement plus avancé, alors une réelle compréhension des aspects scientifiques et commerciaux de ces produits peut s'avérer très avantageuse pour sélectionner les bons titres. C'est du moins ce que nous espérons.
Et puis le deuxième volet de la règle des 90/90, c'est ce risque commercial. Et là, ce que nous avons constaté, c'est que les estimations du consensus de Wall street se trompent dans 90 % des cas pour ce qui est de prédire le lancement de nouveaux produits. Donc, encore une fois, nous essayons de… Nous n'atteindrons jamais la perfection mais si nous pouvons être plus fiables que le marché pour prédire quels médicaments seront finalement mis sur le marché et lesquels auront un succès commercial, cela peut générer beaucoup de valeur.
L'autre élément est la gestion du risque, souvent par le biais de la taille des positions. Jonathan, est-ce que vous voulez dire quelques mots à ce sujet ?
M. Coleman : Dans l'univers des petites capitalisations, l'une des choses auxquelles nous prêtons toujours attention est : est-ce que l'on a plusieurs possibilités d'être gagnants ? Beaucoup de ces entreprises, comme je l'ai dit, sont très prometteuses. Il s'agit d'entreprises de croissance en phase de démarrage. Souvent, dans l'univers, vous devez parier sur la réussite d'un seul produit.
Ce que nous essayons de faire, grâce au processus de due diligence approfondi de l'équipe, c'est d'identifier les entreprises qui possèdent de multiples moteurs, de sorte que nous n'ayons pas à parier sur la réussite d'un seul essai ou la sortie d'un seul appareil médical susceptible d'être approuvé et qui serait le moteur de la valorisation de l'entreprise. Si nous disposons d'un portefeuille d'options, nous parions sur cinq, six ou sept projets, et nous sommes sûrs que certains d'entre eux aboutiront, même s'ils ne sont pas tous couronnés de succès.
M. Demain : Je pense qu'il est important d'utiliser la construction de portefeuille comme un outil de gestion des risques dans le secteur de la santé. Nous privilégions donc les profils rendement/risque les plus avantageux en haut du portefeuille en terme de pondération, mais nous tenons également compte du risque idiosyncratique et de la volatilité d'un titre donné.
Ainsi, les entreprises dont les flux de trésorerie sont bien établis peuvent avoir des positions plus importantes. Mais les entreprises de croissance plus récentes, comme les entreprises de biotechnologie à un stade plus précoce, se verront attribuer des pondérations moyennes et plus faibles dans le cadre d'un portefeuille diversifié.
Mme Castleton : Très bien. Je vous remercie. Voilà qui tombe sous le sens. Quand on considère cette tendance, il est clair qu'il s'agit d'une macro-tendance sur le très long terme dont nous pouvons tirer parti sur les dix prochaines années environ. Mais vers quoi les investisseurs devraient-ils se tourner à plus court terme ? Je vais redonner la parole à chacun d'entre vous, à commencer par Andy.
M. Acker : Eh bien, si on se projette sur 2024, il va y avoir la première mise en œuvre de l'IRA, la loi sur la réduction de l'inflation. Et cela crée une certaine incertitude pour les investisseurs. On parle beaucoup de la négociation des prix des médicaments, qui se déroule en ce moment même et sera mise en œuvre pour les dix premiers médicaments en 2026. Heureusement, les brevets de la plupart des dix premiers médicaments qui ont été choisis étaient déjà proches de leur expiration de toute façon. Cela devrait donc permettre d'en atténuer l'impact.
Mais je pense qu'il y a encore quelques incertitudes quant à la façon dont tout cela va se dérouler. À l'heure actuelle, il existe toujours une différence entre le traitement des comprimés à petites molécules et celui des médicaments biologiques, puisque les comprimés sont protégés pendant neuf ans avant de faire l'objet de négociations, alors que les médicaments biologiques sont protégés pendant treize ans. Cela crée donc des distorsions sur le marché. Un projet de loi a été récemment introduit pour rectifier cela, ce que nous considérons comme une faille dans la loi qui, nous l'espérons, pourra être corrigée.
En revanche, cette loi comporte des aspects positifs qui, à mon avis, ne sont pas bien compris. Surtout, et c'est probablement le plus important, pour les personnes âgées qui, historiquement, ne bénéficiaient pas de plafonds de dépenses à leur charge. Même si elles se voyaient administrer une thérapie anticancéreuse vitale, par exemple, elles pouvaient avoir à payer 5 000 ou 10 000 dollars de leur poche pour ce traitement, ce que de nombreux patients ne peuvent malheureusement pas se permettre. Ce projet de loi corrigera ce problème et améliorera l'accès aux médicaments pour les personnes âgées. Cette année, cette limite est d'environ 3 000 dollars par patient et par an, quel que soit le nombre de traitements qu'ils prennent. L'année prochaine, cette limite sera ramenée à 2 000 dollars par patient. Cette mesure devrait donc améliorer l'accès aux soins des personnes âgées. C'est une mesure vraiment positive pour améliorer l'accès à des médicaments indispensables, et nous espérons qu'elle s'étendra au reste de la population, mais elle aidera au moins les personnes âgées dès cette année.
Mme Castleton : Quand je parle avec mes clients, ils évoquent sans cesse les élections de 2024. C'est l'une de leurs plus grandes préoccupations. De votre côté, vous estimez qu'il n'y a pas nécessairement de risques majeurs…
M. Acker : Oui, c'est intéressant.
Mme Castleton : ... Ou des sujets problématiques.
M. Acker : Oui. Habituellement, les élections sont préjudiciables au secteur pharmaceutique, car ce dernier a toujours servi de punching-ball, si l'on peut dire. Mais dans ce cas-ci, j'estime que c'est un peu différent, car les deux principaux candidats ont déjà été présidents, et nous savons exactement ce qu'ils ont fait. Une loi a été adoptée, l'IRA, et nous sommes encore en train de faire le tri. Mais parce qu'ils ont tous deux été présidents, nous ne nous attendons pas à des changements majeurs. Les discours ont donc été un peu plus modérés qu'ils ne l'ont été par le passé.
Mme Castleton : Très bien, il s'agit là d'une situation un peu particulière. Jonathan, en 2023, les marchés s'attendaient à une récession, qui ne s'est jamais produite. Aujourd'hui, ils tablent sur un atterrissage en douceur. Mais selon vous, quelles sont les perspectives à court terme pour les petites et microcapitalisations, en particulier dans le secteur de la santé ?
M. Coleman : La récession reste l'un des sujets les plus débattus sur le marché aujourd'hui. Je ne suis pas économiste, je ne vais donc pas donner un avis tranché sur la question. Mais je pense que l'un des aspects très encourageants concernant le secteur de la santé dont nous avons parlé dans ce podcast est le fait que vous pouvez bénéficier d'une croissance relativement attractive, basée sur des tendances démographiques très prévisibles qui ne vont pas changer. Il s'agit donc d'un secteur relativement acyclique. Mais si nous devions connaître une récession, vous avez l'avantage qu'il est peu probable que ce secteur devienne cyclique, et vous pouvez donc gagner de plusieurs façons. Vous avez les tendances démographiques porteuses, et puis vous avez l'acyclicité. C'est ce qui nous plaît. Oui.
Mme Castleton : Et une chose que j'entends lorsque des clients appellent, c'est leur inquiétude concernant l'indice en général. Si l'on prend un peu de recul, les petites capitalisations comptent de plus en plus de sociétés non rentables, mais il y a aussi beaucoup de potentiel en matière de fusions et d'acquisitions. Pensez-vous qu'il y ait des avantages dans ces domaines ?
M. Coleman : En tant qu'investisseur en petites capitalisations, les fusions-acquisitions constituent une opportunité très intéressante et passionnante. Les grandes capitalisations ont bien évidemment développé de nouveaux médicaments, mais en règle générale, elles se tournent vers les petites capitalisations innovantes pour étoffer leurs pipelines, en particulier lorsque les petites capitalisations sont parvenues à réduire les risques de leur pipeline de développement, que ce soit par l'approbation d'un médicament candidat ou par un essai clinique de phase III qui réduit considérablement les risques de développement en montrant l'efficacité du médicament. Ce sont toujours des opportunités dans l'univers des petites capitalisations, et nous avons bien sûr pu en profiter.
Mme Castleton : Très bien. Brian, qu'en est-il pour vous ? On dit souvent que les moyennes capitalisations sont finalement le créneau idéal du paysage boursier. Quelles sont les perspectives de votre secteur à court terme ?
M. Demain : En ce qui concerne le secteur de la santé, c'est intéressant. Ces dernières années, la santé a enregistré des performances qui n'ont rien d'exceptionnel par rapport à d'autres secteurs de croissance. Et si l'on retire les valeurs phares qui travaillent sur le GLP-1, les performances réalisées par le reste du secteur ont été encore moins reluisantes.
Parmi les moyennes capitalisations, il y a un certain nombre de sociétés que le marché considère souvent comme des perdants du GLP-1. La thèse est que si une grande partie de la population finit par prendre ces médicaments amaigrissants, cela entraînera une baisse de la consommation dans certains segments du secteur de la santé. Nous avons étudié cette question de manière approfondie, et la réalité est beaucoup plus complexe que cela. Dans certaines circonstances, il y aura même une hausse du nombre de patients parce que la perte de poids permettra à des gens de subir certaines interventions chirurgicales ou d'autres choses du même genre.
Si l'on considère l'univers des moyennes capitalisations, on y trouve un grand nombre de franchises à croissance durable, aux valorisations très raisonnables et peu sensibles à la conjoncture, qui ne suscitent pas l'enthousiasme des investisseurs à l'heure actuelle, mais qui, à terme, devraient voir leur valeur refléter la croissance de leurs bénéfices.
M. Acker : Jonathan a mentionné les caractéristiques défensives du secteur. Je pense que c'est particulièrement pertinent, car le consensus a considérablement changé au cours de l'année dernière. On s'attend désormais à un atterrissage en douceur, alors même que la courbe des taux s'est inversée et que la masse monétaire est en baisse. Ce sont des facteurs qui, historiquement, conduisent à une récession avec une forte probabilité. Alors, si l'économie ralentit considérablement ou si nous entrons en récession, je pense que le secteur de la santé est un très bon endroit pour être positionné.
Et puis il y a un autre élément, selon moi, qui est que, comme Brian l'a mentionné, le secteur de la santé a récemment sous-performé, et l'on voit beaucoup de valorisations très attractives qui, selon nous, pourraient conduire à une hausse des fusions et des acquisitions. Et d'ailleurs, rien qu'au 4ème trimestre 2023, neuf transactions de plus d'un milliard de dollars ont été annoncées dans le secteur de la santé, ce qui ressemble davantage à ce que l'on voit au cours d'une année normale, et non d'un trimestre. Et il y a déjà eu quelques transactions depuis le début de l'année. Cette tendance devrait donc se poursuivre.
On a donc une combinaison de faibles valorisations, de caractéristiques défensives, de forte innovation. Il faut savoir que l'année 2023 a été la meilleure année en termes d'agréments de nouveaux produits. 73 nouveaux médicaments ont été approuvés. Et au cours des cinq dernières années, le nombre de nouveaux agréments a augmenté d'environ 100 %. Donc, forte innovation, caractéristiques défensives, faibles valorisations, nous pensons que tout cela est de très bon augure pour le secteur, pour l'avenir.
Mme Castleton: Merci à tous pour votre contribution aujourd'hui. Il semble y avoir énormément d'opportunités passionnantes à long terme, mais aussi un certain potentiel de résilience pour les investisseurs sur le court terme. Vous êtes tous les trois très expérimentés et talentueux. Je sais que vous travaillez en étroite collaboration. Compte tenu du volume de due diligence et d'analyse fondamentale nécessaire dans chacun de vos univers respectifs, nous vous sommes reconnaissants de nous faire profiter de votre expertise.
Et pour les investisseurs, identifier les gagnants et les perdants dans votre allocation au secteur de la santé et aux petites et moyennes capitalisations est capital, non seulement en raison de la possible volatilité à court terme à laquelle nous pourrions être confrontés, mais aussi en raison des changements démographiques qui se produiront dans les années à venir.
Merci à tous de votre participation. Vous pouvez télécharger d'autres épisodes de Global Perspectives sur tous les supports, ou consulter le site janushenderson.com pour en savoir plus. Je suis Lara Castleton. À bientôt.
1 Le GLP fait référence aux agonistes du GLP-1, une nouvelle classe de médicaments qui aident à faire baisser le taux de sucre dans le sang et à favoriser la perte de poids en imitant les hormones présentes dans l'intestin.
Une courbe des taux représente les rendements (taux d'intérêt) offerts par des obligations présentant la même qualité de crédit mais des dates de maturité différentes. En général, les obligations ayant des échéances plus lointaines offrent des rendements plus élevés.
Les risques idiosyncrasiques sont des facteurs spécifiques à une entreprise en particulier qui n'ont que peu ou pas de corrélation avec le risque de marché.
La volatilité mesure le risque en utilisant la dispersion des performances pour un investissement donné.
Information importante
Des investissements concentrés sur un seul secteur ou une seule région seront plus sensibles à des facteurs influant ces segments et pourraient s'avérer plus volatils que des investissements moins concentrés ou que le marché dans son ensemble.
L’industrie de la santé est soumise à des réglementations gouvernementales, des taux de remboursement et des approbations gouvernementales de produits et de services différents, ce qui pourrait avoir une incidence considérable sur les prix et la disponibilité et celle-ci peut être légèrement affectée par une obsolescence rapide et par l’expiration des brevets.
Les actions de petite capitalisation sont parfois moins stables, davantage exposées à des tendances défavorables, et peuvent donc se révéler plus volatiles et moins liquides que les actions de grandes sociétés.
Tout processus de gestion des risques examiné comprend un effort de suivi et de gestion des risques, ce qui ne doit pas être confondu avec un risque faible ou la capacité de contrôler certains facteurs de risque, et n'implique pas qu'il en soit ainsi.
JHI
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