La stigmatisation des petites capitalisations mondiales touche à sa fin
La dynamique du marché évolue et les grandes entreprises technologiques donnent des signes de faiblesse. Aussi Nick Sheridan, gérant de portefeuille, explore-t-il comment les petites capitalisations mondiales, avec leur potentiel unique de croissance et de diversification, sont en passe de traverser une phase de résurgence significative.
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Principaux points à retenir :
- Souvent éclipsées par l'omniprésence des mégacapitalisations du secteur technologique, les petites capitalisations mondiales recèlent pourtant un important potentiel de croissance et de diversification.
- L'environnement du marché se caractérise actuellement par un désintérêt pour les grandes capitalisations technologiques en raison de leurs performances (qui donnent des signes de faiblesse) et d'un scénario de taux d'intérêt favorable. Cela donne à penser que le moment est venu pour les investisseurs de recalibrer leurs portefeuilles en faveur des petites capitalisations.
- Aussi les investisseurs devraient-ils envisager une recherche active d'actions de petites capitalisations, en se concentrant sur la sélection des titres afin d'identifier les sociétés dont le potentiel de croissance est fort, les bilans sains et celles qui tirent parti des tendances structurelles à long terme.
Alors que le secteur de la technologie et ses mégacapitalisations boursières (les « Sept Magnifiques ») dominent le marché, les petites capitalisations mondiales font face à un problème d'image. Des thèmes macroéconomiques majeurs, à l'instar de l'intelligence artificielle (IA) – et le tapage médiatique qui les accompagnent –, captent l'attention des investisseurs, entraînant ainsi un accroissement constant des multiples d'une liste restreinte de valeurs. Par conséquent, les petites capitalisations boursières peinent à maintenir leur visibilité.
Dans cet environnement, du point de vue des performances, les petites capitalisations rencontrent des difficultés pour s'imposer face aux grandes. Pour autant, ce phénomène est loin d'être inhabituel. Bien que le cycle de surperformance des grandes capitalisations observé récemment dure depuis un moment, les périodes où les petites capitalisations les ont surpassées sont historiquement encore plus nombreuses, principalement en raison de la croissance toujours supérieure de leurs bénéfices (Figure 1).
Figure 1 : Les petites entreprises affichent systématiquement une croissance des bénéfices supérieure à celle des grandes capitalisations
Sources : JPMorgan research, Janus Henderson Investors Analysis. Données au 31 décembre 2023. La croissance est mesurée par l'augmentation de l'EBITDA (Earnings before Interest Tax Depreciation and Amortisation). Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Ces dernières années, les mégacapitalisations du secteur technologique ont porté le marché boursier, mais le profil de ces valeurs semble s'être fissuré en 2024 : même leur forte croissance n'a pas suffi à satisfaire les attentes démesurées du marché. Par conséquent, les investisseurs ont commencé à chercher de la valeur dans d'autres segments.
Les petites capitalisations : une cause à plaider
À mesure que nous nous éloignons du pic du cycle de taux d'intérêt, et que les banques centrales poursuivent leur politique d'assouplissement monétaire, aux fins d'un « atterrissage en douceur » de l'économie , nous pensons qu'il est possible que les investisseurs continuent de remanier leur portefeuille en privilégiant des segments du marché ayant historiquement bénéficié des périodes de faiblesse des taux d'intérêt : les actions des petites capitalisations.
La surperformance des petites capitalisations s'explique notamment par les tendances macroéconomiques, mais surtout par leur capacité à faire croître leurs bénéfices d'une manière que les grandes capitalisations peinent parfois à imiter. Compte tenu du taux de pénétration actuel d'une entreprise comme Apple, il est difficile pour elle de générer une croissance significative sur un chiffre d'affaires annuel de 400 milliards de dollars. Une petite entreprise, en revanche, aura plus de facilité à augmenter ses ventes en s'implantant sur de nouveaux marchés, en acquérant de nouveaux clients ou en élargissant sa gamme de produits.
Il existe également un argument en faveur de l'utilisation des petites capitalisations comme facteur de diversification, étant donné les différences structurelles évidentes qui différencient l'univers des petites capitalisations de celui des grandes. Les petites capitalisations ont davantage tendance à évoluer dans les secteurs de l'industrie ou des matériaux que dans celui de la technologie et sont généralement plus axées sur les marchés locaux. Cela signifie qu'une allocation aux petites capitalisations expose les investisseurs à différents facteurs structurels, tels que la démondialisation (c'est-à-dire la reconstitution des chaînes de production nationales, plutôt que l'externalisation vers des pays comme la Chine).
Et les secteurs en question participent également aux grandes tendances mondiales, en fournissant les pièces, les produits ou les matières premières dont les technologies en évolution rapide ont besoin pour soutenir leur croissance. Nombreuses sont les petites capitalisations qui exploitent l'énorme cycle structurel d'investissement à long terme des grandes entreprises technologiques, plutôt que de s'appuyer sur les variables de la demande des consommateurs.
Le sempiternel argument en faveur de l'allocation aux petites capitalisations réside dans le vent arrière persistant des activités de fusion-acquisition. Bien que la répartition puisse varier d'une région à l'autre, la grande majorité de ces opérations concerne l'acquisition d'entreprises à petite capitalisation par un concurrent plus important (Figure 2). Les grandes entreprises achètent les petites, souvent avec une prime réelle par rapport au prix en vigueur.
Figure 2 : 95 % des transactions de fusion-acquisition impliquent une cible à faible capitalisation
Sources : Bloomberg, Factset, calculs JPMorgan, Janus Henderson Investors Analysis. Données au 30 septembre 2024. Les titres dont la capitalisation boursière est inférieure à 100 millions de dollars sont exclus.
Petites capitalisations : qu'en est-il de leur valorisation ?
En fin de compte, les petites capitalisations restent mal aimées et peu appréciées, mais nous constatons une forte demande refoulée du fait du manque de confiance des investisseurs dans l'économie, surtout en Europe et au Royaume-Uni, et par opposition aux États-Unis.
Les petites entreprises britanniques ont connu des périodes difficiles ces dernières années, l'incertitude liée au Brexit ayant été aggravée par la hausse des taux d'intérêt et des taux d'imposition des sociétés. Nous considérons 2024 comme une période de transformation où la stigmatisation des petites capitalisations britanniques semble toucher à sa fin. L'économie est en pleine croissance, l'inflation est maîtrisée et nous avons un nouveau gouvernement avec un programme clair pour la croissance. Les bilans sont solides et nous voyons beaucoup de petites entreprises avec une position de trésorerie nette positive (45 % au 30 septembre 2024).
Incidemment, nous constatons d'une part un regain d'intérêt pour les opérations de fusion-acquisition, principalement de la part d'investisseurs étrangers et de fonds d'investissement privés. Et à mesure que les entreprises commencent à prendre acte de leur propre valeur, nous constatons d'autre part un intérêt marqué pour les programmes de rachat d'actions, qui leur permettent de devenir des cibles moins attrayantes pour leurs concurrentes à plus grandes capitalisations.
L'Europe peut être perçue comme sclérosée, voire ennuyeuse, mais cela ne tient pas compte du fait que les petites capitalisations européennes ont sans doute le potentiel latent le plus important au niveau régional. L'Europe abrite de nombreuses entreprises phénoménales qui sont exposées à tous les thèmes de croissance structurelle imaginables – des entreprises dont les produits ou les matériaux font l'objet d'une demande constante, ou qui disposent d'actifs rares ou d'une expertise particulière qui leur permet d'être payées, quelles que soient les conditions du marché.
Si notre propos se concentre ici sur le Royaume-Uni et l'Europe, il en va de même pour le reste du monde. Les actions des petites capitalisations américaines ont montré des signes d'un dynamisme renouvelé depuis la mi-juillet 2024, initialement déclenchés par l'anticipation et la mise en œuvre des baisses de taux de la Réserve fédérale américaine. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si les petites capitalisations ne sont pas à l'aube d'une rotation prolongée. Compte tenu des valorisations actuelles, nous estimons qu'il existe un fort potentiel en matière de sélection de titres dans l'univers des petites capitalisations (Figure 3).
Figure 3 : Les petites capitalisations offrent de nombreuses opportunités aux sélectionneurs de titres
Sources : DataStream, indices MSCI regional small cap, Janus Henderson Investors Analysis. Données au 30 septembre 2024. Le ratio cours/bénéfice prévisionnel (PER prévisionnel) est une version du ratio cours/bénéfice (PER) qui s'appuie sur les bénéfices prévisionnels. Rien ne garantit que les tendances passées se poursuivront ni que les prévisions se réaliseront. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Petites capitalisations : la nouvelle frontière pour les investisseurs
En ce qui concerne les petites capitalisations, il convient de garder à l'esprit que la recherche leur consacre assez peu d'attention, bien qu'il s'agisse d'un univers très vaste, où il est possible de trouver des entreprises rentables, génératrices de liquidités, avec un historique riche et occupant une position dominante dans des secteurs souvent spécialisés, mais essentiels. Et malgré cela, de nombreux investisseurs ne savent pas ce qu'elles font.
Vous devrez peut-être fournir des efforts supplémentaires pour trouver des entreprises qui ont le potentiel de donner des résultats, mais l'identification d'une société de croissance de qualité générant un rendement du capital élevé qui a été négligée par le marché, ou la découverte d'un catalyseur de changement, tel qu'un nouveau DG avec un plan clair pour révolutionner une entreprise, peut transformer le résultat de votre investissement.
En fin de compte, c'est la valorisation qui compte. Le prix que vous payez au début du cycle de vie d'un actif est fondamental pour déterminer les performances que vous obtiendrez. Et à l'heure actuelle, les valorisations dans l'univers des petites capitalisations offrent sans doute de nombreux éléments à prendre en considération, tant par rapport à l'histoire que par rapport à l'univers des grandes capitalisations. Nous pensons qu'il s'agit là d'un message essentiel pour les investisseurs à ce stade du cycle.
Bilan : état financier qui résume l’actif, le passif et les capitaux propres d’une entreprise à un moment donné. Chaque élément donne aux investisseurs une idée de ce que l'entreprise possède et doit, ainsi que du montant investi par les actionnaires. On parle de bilan en raison de l'équation comptable : actif = passif + capital des actionnaires.
Rachat d'actions : Lorsqu'une entreprise rachète ses propres actions sur le marché, réduisant ainsi le nombre d'actions en circulation et augmentant par conséquent la valeur de chaque action restante. Cette pratique augmente le niveau de participation des actionnaires existants dans l'entreprise, y compris les montants dus au titre des futurs dividendes. Elle témoigne généralement de l’optimisme de l’entreprise quant à l’avenir et d'une possible sous-évaluation des actions de l’entreprise.
Dépenses en capital (Capex) : Argent investi pour acquérir ou moderniser des actifs fixes tels que des bâtiments, des machines, des équipements ou des véhicules afin de maintenir ou d'améliorer les opérations et de favoriser la croissance future.
Diversification : une façon de répartir le risque en mélangeant différents types d'actifs/classes d'actifs dans un portefeuille, en supposant que ces actifs se comporteront différemment dans un scénario donné. Les actifs faiblement corrélés devraient offrir la plus grande diversification.
EBITDA : L'EBITDA (Earnings before interest, tax, depreciation and amortisation) est un indicateur utilisé pour mesurer la rentabilité d'une entreprise après déduction des dépenses et des coûts associés, des impôts ou des dettes.
Inflation : taux selon lequel le prix des biens et des services augmente dans une économie. L’indice des prix à la consommation et l’indice des prix de détail sont deux mesures très courantes.
Cycle des taux d'intérêt : La hausse et la baisse des taux d'intérêt au fil du temps.
MAG7 (Magnificent Seven, Sept Magnifiques) : Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, Nvidia et Tesla – sept grandes entreprises technologiques collectivement connues sous le nom de « Sept Magnifiques ».
Méga-capitalisations: Niveau le plus élevé pour les entreprises en termes de capitalisation boursière. Les entreprises dont la valorisation (capitalisation boursière) est supérieure à 200 milliards de dollars aux États-Unis sont considérées comme des méga-capitalisations. Il s'agit généralement de grands groupes très connus, présentes à l'international, qui représentent souvent une part importante d'un indice.
Petites capitalisations: Entreprises dont la valorisation (capitalisation boursière) se situe dans une certaine fourchette, par exemple entre 300 millions et 2 milliards de dollars aux États-Unis, bien que ces mesures soient généralement une estimation. Les actions à petite capitalisation offrent généralement un potentiel de croissance plus rapide que les grandes capitalisations, mais sont assorties d'une plus grande volatilité.
Macro : Facteurs à grande échelle liés à l'économie, tels que l'inflation, le chômage ou la productivité.
Private equity : Investissement dans une entreprise qui n’est pas cotée en bourse. Il implique généralement que les investisseurs engagent d'importantes sommes d'argent sur de longues périodes.
Rendement du capital : Mesure de la rentabilité des dépenses d'une entreprise. Un rendement du capital plus élevé indique généralement que l'équipe de gestion est plus efficace pour générer des revenus à partir des investissements.
Les opinions exprimées sont celles de l'auteur au moment de la publication et peuvent différer de celles d'autres personnes/équipes de Janus Henderson Investors. Les références faites à des titres individuels ne constituent pas une recommandation d'achat, de vente ou de détention d'un titre, d'une stratégie d'investissement ou d'un secteur de marché, et ne doivent pas être considérées comme rentables. Janus Henderson Investors, son conseiller affilié ou ses employés peuvent avoir une position dans les titres mentionnés.
Les performances passées ne préjugent pas des résultats futurs. Toutes les données de performance tiennent compte du revenu, des gains et des pertes en capital mais n'incluent pas les frais récurrents ou les autres dépenses du fonds.
Les informations contenues dans cet article ne constituent pas une recommandation d'investissement.
Il n'y a aucune garantie que les tendances passées se poursuivront ou que les prévisions se réaliseront.
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